À PROPOS...

Ma passion pour la photographie a pris racine à l'âge de treize ans, quand j'ai découvert l'appareil photo de mon père. Cet outil est devenu bien plus qu'un simple moyen de capturer des instants: il est devenu mon moyen d'expression, mon médium pour raconter des histoires invisibles. Autodidacte, je n'ai jamais suivi de formation académique en photographie. Au lieu de cela, je me suis nourrie des livres de la bibliothèque, m'inspirant de ce qui m'entourait, apprenant par la pratique et en observant le monde à travers l'objectif de mon appareil.

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Le noir et blanc est devenu mon langage, mon terrain de jeu. Si je ne renie pas la couleur, c’est le contraste marqué, les noirs profonds et la lumière crue du noir et blanc qui résonnent le plus profondément en moi. Ce choix n'est pas anodin: il donne à chaque image une force graphique et émotionnelle unique, comme si chaque cliché était une fenêtre ouverte sur une réalité intérieure, pleine de nuances, mais jamais banale. Une photographie doit toujours raconter une histoire ou transmettre un ressenti, peu importe le sujet. Le cadrage et la composition occupent une place centrale dans ma démarche: chaque ligne, chaque mouvement, chaque respiration dans l’image participe à un ensemble que je veux cohérent.

L’eau, le lac, la mer, l’océan... ces éléments naturels ont toujours été au cœur de mon travail. Née au bord de l’eau, je trouve dans les vagues une forme de poésie. Mais mon regard est aussi tourné vers l’urbain, vers ces paysages contemporains où l’humain et la nature se rencontrent parfois de manière chaotique mais toujours fascinante.

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Je travaille en solitaire, et c’est dans ce silence, loin de l'agitation extérieure, que je trouve mon inspiration. Cette solitude me permet de me concentrer sur ce que je vois, et souvent sur ce que les autres ne voient pas. En photographie urbaine, je m’attache à ces petits détails qui, au quotidien, passent inaperçus: un éclat de lumière sur un mur décrépi, une texture qui se confond avec l’architecture, un regard dans une ruelle abandonnée. Ces éléments subtils, ces fragiles instants, deviennent des témoignages de la beauté cachée dans l’ordinaire. Chaque élément, même minime, possède un potentiel narratif. Mon approche vise à capter la poésie du réel, la beauté cachée du quotidien, la force d’un geste ou d’un regard, et à révéler la vérité d’un instant suspendu.

J’ai également un intérêt particulier pour les graffitis, ces œuvres éphémères qui décorent nos murs urbains. J’aime capturer ces créations qui, souvent, sont invisibles aux yeux de ceux qui les croisent chaque jour. Les graffitis, souvent réalisés dans des lieux reculés ou insoupçonnés, sont des témoignages vivants de la culture urbaine et de l’expression libre. Ils transforment l’espace public, parfois de manière furtive, mais toujours avec une énergie brute. Pour moi, c’est une forme d’art à la fois transitoire et profondément ancrée dans le présent.

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Dans ma pratique photographique, il m'arrive très souvent de créer des dyptiques, ces ensembles de deux images qui dialoguent entre elles. Ce n'est pas toujours une intention consciente, mais plutôt une sorte d’intuition qui s’éveille au moment où je prends une nouvelle photo. Je me dis alors que cette image sera liée à une autre, prise à un autre moment, dans un autre lieu, et parfois même sous des années différentes. Pourtant, dans mon esprit, le lien est évident. Il y a quelque chose qui unit ces deux images, un fil invisible, un thème, une émotion, une forme, un mouvement.

Créer des dyptiques est un exercice passionnant car il permet de confronter des images, de les mettre face à face comme deux facettes d’une même histoire, mais chacune racontant cette histoire sous un angle différent. Ce rapport, souvent subtil, peut être une question de lumière, de composition, ou simplement d’émotion partagée entre les deux photographies. Le lien n’est pas toujours immédiatement perceptible, mais pour moi, c’est ce qui fait la magie de l’exercice: ces connexions qui naissent presque naturellement, et qui ne demandent qu’à être découvertes.

Lorsque je place une photo à côté de l’autre, j’aime à penser que chaque image devient le reflet "différent" de l’autre. Elles ne se répètent pas, mais se complètent, se nourrissent l'une de l'autre. Cela donne au spectateur l'occasion de voir au-delà du premier regard, de s'interroger sur les relations invisibles qui existent entre les images, sur les liens qu’elles créent et sur ce qu’elles révèlent de manière collective plutôt qu'individuelle. Pour moi, chaque dyptique est une nouvelle forme d’histoire à raconter, une invitation à l’introspection et à la découverte d’un monde parallèle à celui de la première image.

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Au fil des années, ma relation avec la photographie a évolué de manière subtile, mais profonde. Il m’arrive de plus en plus souvent de revisiter des images anciennes, prises à des moments où mon regard était encore en construction, encore en train de se forger. Ces photos, que je pensais achevées à l’époque, prennent aujourd’hui un autre sens à mes yeux. Elles sont devenues des témoins de mon parcours, et je les retravaille pour les accorder à la personne que je suis devenue, plus remplie de toutes les expériences, les leçons et les émotions accumulées au fil des années.

C’est un peu comme une conversation avec mon passé, une réinterprétation où l’ancien se mêle au présent, où ce que j’avais capté avec un regard jeune et naïf prend, aujourd’hui, une charge émotionnelle et une profondeur que je n’avais pas perçues à l’époque. Cette révision constante de mon travail, ce dialogue entre le passé et le présent, est un aspect fondamental de ma pratique photographique. Elle me permet de mieux comprendre mes propres évolutions, mais aussi d’éprouver mes images sous de nouvelles lumières.

L'autre dimension importante de mon processus créatif réside dans le choix des titres. Un titre, pour moi, n'est pas simplement une étiquette: c'est une extension de l'image, une clé qui ouvre la porte d'un univers particulier. Il est le guide, la direction narrative qui oriente l'interprétation du spectateur, lui offrant parfois une perspective bien différente de la sienne. Le titre est une invitation à la réflexion, à la poésie, à l’imaginaire. Il donne à l’image une seconde couche de sens, une manière d'ancrer la photo dans un contexte plus large, plus personnel, voire symbolique.

À travers ce processus, j’apprends encore à mieux me connaître, à mieux comprendre comment mes expériences, mes ressentis et mes évolutions de vie trouvent leur écho dans mes images. La photographie est devenue pour moi un moyen de capturer non seulement des moments dans le temps, mais aussi des états d’âme, des fragments d’histoire et des émotions en constante évolution.